Figures emblématiques d’une nouvelle génération d’artistes qui n’a pas froid aux yeux, Adèle Gascuel et Catherine Hargreaves nous enchantent avec une divagation théâtrale, contagieusement jubilatoire, qui envoie valser le vieux monde.
En travaux dans leur appartement, deux femmes inventent, répètent, font et défont un spectacle qui semble ne jamais aboutir à force d’être annulé. On en vient à ne plus très bien savoir si on est à la maison, dans un théâtre ou dans un paysage en ruines. Pourtant, sous les gravats se révèle une histoire qui fait écho à la manière dont la crise sanitaire a modifié nos vies. Dans cet espace scénique qui perd peu à peu son identité, le spectacle s’invente à vue et emprunte de joyeux chemins de traverse. Les pistes se brouillent délicieusement. Les textes jaillissent dans une merveilleuse instabilité. Tout y passe : Eddy Mitchell et le vieux mâle blanc, Virginie Despentes, le champignon de la fin du monde, jusqu’à même interroger la PMA et le désir d’enfant. Mais derrière cet apparent désordre se niche une construction implacable qui vient, l’air de rien, nous saisir par son incroyable capacité à raconter notre époque.