“La raison n’est pas ce qui règle l’amour”. Dans Le Misanthrope, Alceste, l’un des plus beaux personnages du théâtre français, est aveuglé par sa passion. Simon Delétang en saisit toute la complexité dans une mise en scène fiévreuse, qui épouse aussi bien le ton de la satire que celui de la comédie.
Le Misanthrope réunit une formidable galerie de personnages en représentation permanente, poètes ratés, prudes consommées, courtisans effrénés qui, toutes et tous, réclament un moment d’attention. C’est à leur adresse qu’Alceste s’évertue à dire tout ce qu’il pense, dans un monde où la fausseté semble être la règle. “Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde”… Quelles seront les conséquences de ses paroles en amitié, en amour, socialement ? L’œuvre de Molière n’en a pas fini de nous surprendre par sa fascinante intemporalité. Les passions humaines qui s’y déchaînent ne cessent de nous offrir un miroir cruel de notre propre condition. Plaçant l’action dans un espace conçu comme une machine à illusions, Simon Delétang parvient admirablement à en révéler tous les enjeux.