Vingt ans après La Puce à l’oreille, Stanislas Nordey renoue avec la fantaisie et la précision horlogère du roi du vaudeville, Georges Feydeau. Il convie quatorze comédien.ne.s à partir à l’assaut d’une langue à la mécanique implacable, dans une machine théâtrale délirante, assumant le divertissement à plein, avec joie et intelligence.
La pièce, sommet drolatique, suit les pérégrinations de deux couples d’amis, pris dans une spirale adultère délirante. Auxquels se joignent, pour pimenter l’affaire, Mathieu, un ami de la famille, personnage pivot de l’absurdie, il bégaye par temps d’orage et s’exprime parfaitement par temps sec ; Maxime un jeune homme vierge courtisé par Victoire la femme de chambre ; sans oublier des commissionnaires, des policiers et les employés brindezingues de l’Hôtel du Libre-Échange, le bien nommé. Le génie de Feydeau repose sur sa façon de faire voler en éclats toutes les règles de la logique tout en s’attelant à dépeindre des situations amoureuses complexes. Sans cesse, les cartes sont rebattues. Dans la mise en scène de Stanislas Nordey, toute la folie du dramaturge se déploie à l’envie : un décor en transformation, des costumes surréalistes, des mouvements chorégraphiés et, plus que tout, une troupe d’acteurs extravagante, tout simplement géniale.