Elles en ont longtemps rêvé et elles l’ont fait : se retrouver en duo dans un voyage hypnotique de la musique romantique à la musique minimaliste. En ce dernier concert de la saison, Noémi Boutin invite l’immense pianiste Vanessa Wagner.
Noémi Boutin et Vanessa Wagner partagent une grande sensibilité et un même goût pour les chemins de traverse, à l’image de ce programme en clair-obscur qui plonge dans un univers sonore envoûtant. Au cœur du concert, la Sonate Arpeggione de Schubert, fascinante par la puissance nostalgique de ses thèmes mélodiques et le flux magnétique qui s’en dégage. C’est le point de départ d’un voyage hypnotique dans les traditions de la musicale tonale du XXème siècle : le romantisme moderne de Britten, le minimalisme de Philip Glass, jusqu’au mysticisme d’Arvo Pärt. Le concert se clôt sur une berceuse de Meredith Monk, proche de la musique minimale mais aussi du jazz, dans une version inédite transcrite par la compositrice elle-même pour les deux artistes.
C’est tout l’univers de Mozart qui s’ouvre par la légèreté des cordes du Quatuor Debussy et la voix ensoleillée d’Amel Brahim-Djelloul. Une occasion, unique cette saison, de découvrir en famille la musique du célèbre compositeur autrichien.
Avec la soprano Amel Brahim-Djelloul, le Quatuor Debussy propose un dialogue intimiste entre voix et cordes autour de Mozart. Le programme comprend notamment l’élégant Divertimento que le prodige écrit lorsqu’il a quinze ans, mais aussi l’air virtuose de concert composé « sur mesure » et deux des plus beaux airs des Noces de Figaro. Les transcriptions pour quatuor et voix rendent hommage à l’esprit mozartien qui régnait dans les salons viennois de la fin du XVIIIe siècle. En écho, deux lieder du non moins viennois Schubert et un mouvement de son célèbre Quatuor « La Jeune Fille et la Mort », composés, comme pour Mozart, dans la fleur de l’âge.
On connaît la voix de Rosemary Standley qui a porté Moriarty sur les cimes du folk. On sait peut-être moins que la chanteuse multiplie les escapades vers des répertoires classiques et lyriques. Elle s’acoquine à l’Ensemble Contraste pour Schubert in Love, un hommage vibrant au génie romantique où il est bien sûr question d’amour.
Gourmands d’expériences musicales audacieuses, Rosemary Standley et l’Ensemble Contraste ont naturellement croisé leurs chemins. Ensemble, ils ont sélectionné des lieder de Franz Schubert qu’ils éclairent d’une lumière originale. Schubert In Love – qui a aussi donné lieu est un hommage au génie romantique et maître incontesté du Lied. La musique de Schubert est métamorphosée par des arrangements subtils qui laissent place à des rythmes venus d’autres pays et des instruments inhabituels dans ce répertoire : guitare, contrebasse ou percussions. En ressort une texture sonore originale, chaude et colorée, fruit des influences classique, pop, jazz et folk.
Mary Poppins, West Side Story, Un Américain à Paris… quel programme ! Le duo flamboyant composé d’Isabelle Georges et de Frederik Steenbrink interprète tous les grands airs des comédies musicales américaines avec l’Orchestre des Pays de Savoie et un quartet jazz invité pour l’occasion.
Tour à tour chanteuse, danseuse et comédienne, Isabelle Georges a trouvé sa vocation entre le jazz, la musique classique et le théâtre grâce à la comédie musicale. Elle se lance ici dans un véritable best off des chansons qui l’accompagnent depuis son enfance, aux côtés de Frederik Steenbrink, chanteur à la voix et au phrasé dignes des crooners de l’âge d’or de la chanson américaine. Accompagnés par les musiciens de l’Orchestre du Pays de Savoie et un quartet de jazz, ils seront tour à tour les voix de Porgy and Bess, d’Irma la douce, du Magicien d’Oz, ou encore de Tous en scène. Un nouveau duo Ginger et Fred à écouter sans tarder, qui offre un programme à découvrir en famille pour les fêtes de fin d’année.
Pépite poétique et précieux instantané d’une époque, Le Ballon rouge offre ici une étonnante complicité entre l’écran et les partitions. Le temps n’a pas fané la course du petit garçon et de son ballon animé dans un Ménilmontant des années 1950. La nostalgie et le plaisir de faire (re)découvrir ce petit chef-d’œuvre aux plus jeunes, le temps d’une envolée.
Sur scène, tout semble immobile : un écran noir, un décor qui semble avoir traversé le temps, des musiciens comme des fantômes. Sommes-nous dans le passé ? N’est-ce qu’un rêve ? Subrepticement, ils prennent vie : un xylophone entre sur des roulettes, les partitions s’envolent et lévitent, les baguettes jouent seules, et tout un monde advient aux sons de ces instruments singuliers. La magie gagne alors l’écran pour donner vie au Ballon Rouge, le chef-d’œuvre d’Albert Lamorisse couronné d’une Palme d’Or en 1956 et d’un Oscar en 1957. Nous voici transportés à Paris, dans le Ménilmontant des années 1950, déambulant aux côtés d’un petit garçon et d’un ballon de baudruche qui prend vie entre ses mains, dont il se prend d’amitié. La musique de Darius Milhaud prolonge ce voyage dans le temps et souligne la force qu’a la poésie de donner vie aux choses.
Orchestre brillant allergique au conformisme et aux sentiers battus, Le Balcon vient hanter la MC2 pour un événement qui ne manque pas de mordant. Un concert spectaculaire qui donne chair et frissons aux paysages oniriques du Dracula rêvé par le compositeur Pierre Henry, d’après la Tétralogie de Wagner.
La Tétralogie de Wagner est sublimée par Maxime Pascal et Le Balcon grâce au génie de Pierre Henry, qui fait surgir Dracula d’une fusion d’extraits de la partition et de musique électronique. Dans la version originale, la fusion des sons vient à la fois du matériau musical composé – des bandes qui sont combinées – et de leur mode de diffusion – dans des haut-parleurs. Le Balcon propose une version avec ensemble instrumental sonorisé qui rend le personnage de Dracula plus vivant que jamais, et sa présence presque palpable. Radical dans sa soif de sons, Pierre Henry a été un pionnier des musiques électroniques, ouvrant la voie à la popularisation du sampling, du remix, de l’extended mix. Dans Dracula ou la musique troue le ciel, il transforme la montagne wagnérienne en un «film sans images» de soupirs et d’incendies, de fureurs et de voluptés, dans une délicieuse morsure musicale.
À 38 ans, Raphaël Pichon est l’un des plus grands chefs d’orchestre baroques d’Europe. Pour son ensemble, le bien nommé Pygmalion, qui réunit amoureusement un chœur et un orchestre sur instruments d’époque, il explore les filiations qui relient Bach à Mendelssohn.
Raphaël Pichon et Pygmalion débarquent à la MC2 avec près d’une centaine de choristes, instrumentistes, et deux immenses solistes ! Ils s’emparent d’un monstre du répertoire : la Deuxième symphonie de Mendelssohn, écrite pour célébrer les quatre cents ans de la naissance de l’imprimerie et de la première Bible ainsi reproduite, triomphe ultime de la transcendance. Avec ce concert sur instruments d’époque, Pygmalion révèle et magnifie les filiations historiques puissantes qui unissent le père de la musique allemande Jean-Sébastien Bach et ses enfants. Son fils, Carl Philipp Emanuel Bach, et celui que l’on pourrait qualifier de fils spirituel, Félix Mendelssohn, sont tous liés par une spiritualité profonde que leur musique porte à son acmé. Un programme d’une lumière pure et intense.
Elles auraient certainement été parmi les figures les plus marquantes du romantisme allemand, si elles avaient été des hommes… Fanny Hensel Mendelssohn, sœur de, et Clara Schumann, femme de, sont à l’honneur de ce concert qui répare l’histoire et affiche des personnalités talentueuses à fort caractère. Eux, auraient certainement été immédiatement vénérés s’ils n’avaient pas eu cet attachement profond au peuple. Preuve en est : ne jamais renoncer.
De Falla, Janáček ou Bartók, ces compositeurs se sont inspirés du patrimoine populaire de leurs régions en composant des danses, des contes musicaux ou des chansons. Ils côtoient ici deux compositrices phares du romantisme allemand, Fanny Hensel Mendelssohn et Clara Schumann, trop longtemps ignorées malgré leur immense talent. Une occasion de découvrir l’alliance des timbres du violoncelle et du piano, au gré des partitions tour à tour drôles, fantaisistes, entraînantes, poignantes, toujours captivantes.