Formé d’une pléiade d’artistes venant des musiques classique, jazz, improvisée ou ancienne, tous passionnés de théâtre, La Sourde, orchestre inclassable, invite autant à « regarder » qu’à « écouter » ce concert conçu autour d’une pièce de Carl Philipp Emmanuel Bach.
Le mot « concerto » vient-il du latin concertare qui signifie lutter ou de conserere qui veut dire unir ? Avec humour, La Sourde répond à cette question en inventant un concerto qui fait valoir ses humeurs musicales : le concerto contre. Contre piano et contre orchestre. Une expérience portée par une équipe exceptionnelle avec Samuel Achache, metteur en scène et musicien, Ève Risser et Antonin-Tri Hoang tous deux passés par l’Orchestre national de jazz, et le génial Florent Hubert. Ils prennent pour point de départ un concerto de Carl Philipp Emmanuel Bach pour composer une musique qui n’est ni exactement celle qui a été écrite, ni celle pour laquelle ont été formés les musiciens, mais celle qui nait de leur rencontre dans l’énergie du plateau, dans la création.
Ensemble phare de la nouvelle génération en Angleterre, reconnu pour ses couleurs originales et son éclectisme, le Manchester Collective débarque à la MC2 pour un concert à la croisée des musiques classique et contemporaine et des musiques du monde avec le violoncelliste et chanteur sud-africain Abel Selaocoe.
Violoncelliste, chanteur, compositeur, Abel Selaocoe est un musicien exceptionnel qui repousse les limites de ses instruments pour offrir une musique profonde, intense qui semble venir du fond de l’âme. Sa venue à la MC2 avec le Manchester Collective et sa directrice musicale Rakhi Singh, également violoniste, est l’une des sensations de cette édition des Détours de Babel. Pour ce concert qui croise des pratiques musicales traditionnelles et actuelles, notamment avec des pièces du répertoire classique de Vivaldi ou Stravinsky, Abel Selaocoe se fait non seulement musicien mais « oracle », nous invitant par la musique à emprunter les chemins secrets qui s’y cachent. Il fait ainsi de nous des voyageurs du temps, nous liant au passé, à la terre et aux chants oubliés.
Thriller psychologique et roman fulgurant, Les Enfants terribles est un somptueux voyage sonore à travers les mystères de l’adolescence. Phia Ménard, artiste de tous les imaginaires, jongleuse et danseuse, met en scène le magnétisme d’un Philip Glass, éternel passionné de Jean Cocteau, et l’histoire d’une sœur et d’un frère pris dans des jeux cruels.
De la pièce de Cocteau qui plonge dans les couleurs acides de la chambre de Paul et de sa sœur Élisabeth rattrapés par les jeux du désir, tableau intemporel d’une jeunesse aussi vénéneuse que rêveuse, l’opéra de Philip Glass souligne le caractère dramatique par le mouvement inexorable de la musique. Dans un geste radical, Phia Ménard éclaire ce huis-clos de la lumière «sombre et agile» du temps. Dressant un parallèle entre les corps adolescents et vieillissants, aussi isolés les uns que les autres dans leurs secrets et leurs métamorphoses, elle s’attaque aux sens cachés dans la pièce: l’ambiguïté du jeu qui lie une fratrie dans l’enfance, le caractère inavouable de l’amour homosexuel – ici pour un bad boy, des passions et les spleens qui prennent la forme de fantômes. Dans un dispositif de scène tournante et d’apparitions, Phia Ménard offre un spectacle magnétique qui rend toute la force à l’œuvre originale de Cocteau.
Émilie Anna Maillet nous plonge, à travers un récit numérique et théâtral, dans la vie virtuelle et réelle d’un groupe d’adolescents avant, pendant et après une soirée. Un projet transmédia composé d’une pièce de théâtre et d’un parcours d’installations numériques avec performance en réalité virtuelle. Une immersion dans l’univers des adolescents, confrontés à la représentation sociale et aux réseaux sociaux. Vertigineux.
« Crari or not », frimer ou ne pas frimer. C’est en partant de l’univers et des outils des adolescents que la metteuse en scène construit un récit « augmenté » reflétant la coexistence permanente du réel et du virtuel chez les adolescents. La compagnie propose une déambulation sensible dans des installations numériques ; une découverte des personnages et une plongée dans la soirée où tout va basculer. Réseaux sociaux (création numérique de 11 profils), vidéo présentant l’univers Instagram des personnages, QCM ludique et littéraire permettant de s’identifier à l’un d’eux, ou encore un Photomaton spécial appliquant des filtres… autant de modules numériques pour créer un parcours à la rencontre des personnages. Venez enfiler un casque de réalité virtuelle pour vivre la soirée à travers les yeux d’un ou de plusieurs jeunes.
Cette installation ludique est rattachée à la pièce de théâtre To like or not to like, à découvrir à la MC2 du 31 janvier au 03 février, en salle René Rizzardo.
Plus d’information sur le diptyque numérique ici
Retrouvez tous les personnages dans la web-série To like
Promenons-nous dans les bois des fantasmes et des pires cauchemars. L’artiste Gisèle Vienne déploie un thriller onirique autour de trois personnages emblématiques des pulsions de vie et de mort d’une société obnubilée par la violence et la beauté.
THIS IS HOW YOU WILL DISAPPEAR est composée de la substance des rêves. Ici, la forêt est aussi incarnée et mouvante que le mystère qui se joue en son sein entre une blonde gymnaste, son coach abusif et une rock star suicidaire. Pour accompagner leurs noirs et romantiques desseins – de la danse au crime, du culte du corps à son saccage –, le public devra accepter de déambuler et se perdre dans les brumes magiques de Fujiko Nakaya, la lumière spectrale de Patrick Riou, la musique envoûtante de Stephen O’Malley et les poèmes de Dennis Cooper. Une enquête esthétique au cœur de l’intimité menée par une metteuse en scène philosophe et plasticienne. Une expérience sensorielle qui interroge nos perceptions au risque de faire disparaître nos certitudes.
Remake théâtral du film de Paul Verhoeren de 1995, Showgirl narre autant l’ascension crapoteuse d’une danseuse de revue à Las Vegas que la chute de l’actrice qui l’incarna sur grand écran. Un one woman show sulfureux à l’humour provocateur incarné par l’incomparable Marlène Saldana.
Pour la première fois à la MC2, tout en faux cils et en costumes extravagants, Marlène Saldana ose tout sur scène : chanter avec un lampadaire-phallus ou danser sur un volcan-mamelon. Tout en rimes et décasyllabes, cet ovni théâtral, souvent kitsch, questionne en creux le sort des femmes dans un monde peuplé d’ordures. Le tout sur une musique originale électro-punk de Rebeka Warrior. Âme puritaine s’abstenir.
Petit rappel pour les étourdis : les concerts du dimanche c’est un par mois, 11 heures, 7 € et 5 €, dans l’un des plus beaux auditoriums de France. Au programme : de la musique pour tous et du pur bonheur auditif. La saison s’ouvre avec un concert de gospel, jazz et culture afro-américaine. Des voix époustouflantes, une musique communicative par excellence, des rythmes épris de liberté. Oh happy day !
Sur scène, les artistes livrent deux approches d’un même répertoire, les spirituals – chants inventés aux États-Unis par les esclaves originaires d’Afrique. Le premier duo, formé par la soprano Marie-Laure Garnier et la pianiste Célia Oneto Bensaïd, suit une voie plus « écrite », dans la lignée de Jessye Norman. En contrepoint, Mariamielle Lamagat, soprano, et Auxane Cartigny, pianiste, déploient un style plus libre, plus jazz, qui s’inscrit dans une autre tradition du gospel. Deep river, Nobody Knows ou Sometime I feel like a motherless child, autant de pages qui font résonner le dialogue inspiré entre traditions d’interprétation et références, et rappellent leurs conditions de création. Ce concert invite à traverser les tumultes d’une « rivière profonde » où les traditions du gospel mêlent leurs courants dans une spiritualité puissante, universelle et populaire.
Il était une fois, l’orchestre français le plus prestigieux, notre Orchestre philharmonique de Berlin à nous ! Avec ses quatre-vingts musiciens, il nous invite pour l’un des grands concerts symphoniques de la saison au cœur des contes et mythes. Trois partitions à thème parmi lesquelles le chef-d’œuvre de Prokofiev sur Cendrillon.
Il y a d’abord Psyché, princesse grecque d’une grande beauté dont Franck raconte l’histoire passionnée qui la lie à Éros (Cupidon chez les Romains) jusqu’à leur union finale. Il y a ensuite Shéhérazade, héroïne des Mille et une nuits qui n’est pas ici la narratrice de la nuit mais la voix d’un cycle de mélodies qui évoque l’Orient fantasmé : pour Ravel, Shéhérazade a en elle-même, par son nom, le pouvoir de faire voyager. Il y a enfin Cendrillon, la pauvre fille au destin heureux, dont on vivra ici l’histoire dans la version de Prokofiev, sans aucun doute l’un des chefs-d’œuvre de la musique de ballet du siècle dernier. Trois personnages de femmes, trois temps, trois lieux, trois immenses partitions pour une soirée aux couleurs infinies.