Vieilles lubriques, voleuses de pénis ou bien dévoreuses d’embryons, les mythes autour des sorcières peuplent notre imaginaire. Les actrices du collectif Marthe les revisitent joyeusement pour mieux dénoncer les mécanismes de persécution des femmes.
Au Moyen-âge, les maîtres craignaient que le monde se renverse : que les serviteurs prennent la place des maîtres, que les femmes n’assurent plus leur rôle de reproduction et remplacent les hommes. C’est ainsi qu’apparaît la chasse aux sorcières. Prenant comme point de départ l’essai de Silvia Federici, Caliban et la sorcière, le Collectif Marthe nous montre comment, à travers la figure de cette femme maléfique, la société entretient un système de domination largement décrié par les féministes. Sur scène, l’énergie débordante des comédiennes fait exploser les tabous. Les parodies s’enchaînent. Le rock envahit la salle. L’humour aussi. Et l’absurde côtoie l’acerbe pour prouver que le corps féminin n’a rien d’impur. Un bel exemple de théâtre engagé. Vieilles lubriques, voleuses de pénis ou bien dévoreuses d’embryons, les mythes autour des sorcières peuplent notre imaginaire. Les actrices du Collectif Marthe les revisitent joyeusement pour mieux
dénoncer les mécanismes de persécution des femmes.
Nasser Djemaï aime nous raconter des histoires de famille. Dans cette tragi-comédie, l’auteur aborde la place des personnes âgées dans notre société.
Victoria pensait bien faire en proposant à sa mère Rose d’aller vivre en EHPAD. Mais c’était sans compter la résistance de ses joyeuses amies et voisines âgées de 75 à 80 ans. À travers le regard de la jeune femme, nous découvrons le quotidien de ces résistantes diablement bien organisées dans leur quartier pour assurer leur survie et celle de Rose. Et nous nous réjouissons de leurs petites débrouillardises pour faire les courses, aller chez le médecin et éviter l’impitoyable modernité qui ne leur fait aucune place. Pour ce petit monde, l’idée de Victoria est d’une violence inouïe. Pourquoi finir sa vie en maison médicalisée quand on peut rester chez soi en étant aidé ? Se dessine alors un conflit entre les deux générations. Une situation dans laquelle nous nous retrouvons tous.
Pour aller plus loin : interview de Nasser Djemaï
Si, pour entrer en contact avec des extraterrestres, vous deviez choisir des images, des sons et des mots pour vous présenter, lesquels choisiriez-vous ? En 1977, des astronautes se sont posé cette question improbable. Emmanuel Meirieu, artiste associé de la MC2, nous relate cette histoire vraie !
À Cap Canaveral, une sonde nommée Voyager décolle pour l’espace à bord d’une fusée Titan. Elle emporte avec elle un disque d’or fixé sur sa paroi qui comprend 118 photographies prises sur la terre, des salutations d’humains en 55 langues et 27 musiques. Le meilleur de notre planète pour témoigner de notre espèce. Parmi ces musiques figure la chanson Dark was the night, cold was the ground. Son auteur, Blind Willie Johnson, est mort en 1949 dans la misère absolue, refusé à l’hôpital parce qu’il était noir, pauvre et aveugle. Quand notre monde aura disparu et que même notre soleil sera mort, il restera encore cette trace de nous avec la voix et la musique de Blind Willie Johnson, filant à 16 km/seconde, dans une sonde spatiale, parmi les galaxies. Dans Dark was the night, Emmanuel Meirieu nous emmène au Texas des années 20, jusqu’au lancement de Voyager. L’occasion de faire entendre la voix de Willie, et comme il fait dans chacune de ses pièces, celle de tous ceux que la grande Histoire ne raconte jamais.
Marc Lainé s’affranchit des normes de l’espace et du temps pour nous embarquer dans une dimension parallèle.
Une histoire de fantôme en mode polar théâtral qui reprend les principes qui firent sa notoriété : image, musique, distribution et esthétique au cordeau. Ce touche-à-tout nous vient en voisin avec Bertrand Belin et Marie-Sophie Ferdane, mari et femme à la scène ingénieusement synchronisés à l’écran. Trouble et suspense garantis.
Metteur en scène, artiste plasticien, scénographe, auteur et directeur du Centre dramatique national basé à Valence, Marc Lainé mêle les formats dans cette trilogie fantastique commencée par la création d’un roman graphique. Inutile d’avoir suivi l’épisode 1 pour découvrir En travers de sa gorge. L’histoire a débuté par l’enquête d’un journaliste au sujet de la mystérieuse disparition d’un homme ayant les traits de Bertrand Belin. Depuis, sa femme cinéaste, interprétée par l’ex-pensionnaire de la Comédie-Française, Marie-Sophie Ferdane, vit coupée du monde dans le Vercors jusqu’au jour où un inconnu prétend être son mari. Nous voilà dans le 2e épisode, plongés dans une intrigue surnaturelle qui nous mène entre Paris et New York, au cœur des thèmes qui sont chers à l’artiste : le voyage et les revenants. Vivement l’épisode 3…