Le Quatuor Béla invite à un voyage américain qui exprime combien les États-Unis ont contribué à la vitalité des musiques écrites par leur dialogue avec les musiques populaires. C’est un fascinant voyage dans les musiques de notre temps, dynamiques, hypnotiques ou oniriques, qui nous montre la palette sonore incroyable qu’a offert le Nouveau Monde.
On remarque d’abord les noms de Franck Zappa et d’Ornette Coleman, l’un rattaché à l’univers du rock, l’autre à celui du jazz, mais tous les deux pionniers d’une ouverture sans limite et d’une exploration débridée. Le String Quartet n°1 de Conlon Nacarrow, magicien du rythme sous tous ses aspects, est en écho avec Black Page #1 de Zappa. Le célèbre String Quartet de Ruth Crawford Seeger est un jalon extraordinaire de l’histoire de la musique : dès 1931, elle présageait des langages sonores d’aujourd’hui. Harry Partch, rêveur de musique arpentait les sons comme il arpentait les Etats-Unis, Morton Feldman nous offre son minimalisme contemplatif et ciselé, et encore John Zorn, créateur aux influences sans limites, entre improvisation et mysticisme, s’arrête ici sur un Tex Avery qui resterait à dessiner.
Au centre du programme, Moondog, musicien aveugle, vêtu à la manière d’un Viking et vivant dans la rue, décrit comme le « clochard céleste » de New York, est une personnalité incroyable qui a effectué une jonction entre la musique classique, le jazz et les recherches les plus actuelles.