Le texte emblématique de Bertold Brecht, tableau lucide et implacable de la montée du fascisme, frappe encore aujourd’hui par sa force et son intense charge émotionnelle. La metteuse en scène Julie Duclos en restitue toute la puissance dans une mise en scène au cordeau, servie par une distribution impeccable.
Dans Grand-peur et misère du IIIe Reich, dans les années 30, une suite de tableaux révèlent le quotidien de la population sous un régime autoritaire. On y croise toutes les strates de la société, tous les métiers, les individus chez eux, en couple, en famille, entre amis. Une grande fresque qui témoigne du pouvoir de la crainte qui, peu à peu, s’immisce dans la vie des gens. Comment et par où le fascisme peut-il s’introduire ? Pour répondre à cette terrifiante question, Julie Duclos met en lumière les situations avec une extrême précision, parvenant à dévoiler ce qui se joue dans l’invisible. On y perçoit les manifestations, multiples et infimes, qui ouvrent la voie aux plus cruelles interprétations, aux suppositions, à la peur de l’autre. Peu à peu, la frontière entre mensonges et vérités se dissipe. Pour incarner l’œuvre brechtienne, les interprètes, tous saisissants de justesse, empruntent des accents de modernité qui font froid dans le dos.