Le racisme systémique se niche dans les détails du quotidien. Récit initiatique, Le Iench ne démord pas de ce constat implacable. Sur un plateau tournoyant, décor de l’intime, Éva Doumbia déplace nos représentations traditionnelles avec cette fiction familiale.
Être blond, avoir deux voitures et un chien, quoi de plus banal ? Tout se complique quand on s’appelle Drissa et qu’on est issu d’une famille d’origine malienne en France. Son désir enfantin d’un animal domestique cristallise peu à peu une intégration inlassablement retardée et un conflit béant avec son entourage. En dessinant la trajectoire d’une famille afropéenne, Éva Doumbia sort de l’invisibilisation les personnes issues de l’immigration. Son écriture et sa mise en scène mêlent poésie et réalisme quasi cinématographique pour dépeindre l’aspiration à l’acceptation et lutte contre l’exclusion. En écho aux bavures policières et à l’affaire Adama Traoré, la metteuse en scène dédie cette pièce sensible et universelle à son frère disparu.