Dans Marys’ à minuit, Serge Valletti donne la parole à une femme en décalage avec la réalité qui l’entoure, une femme qui rêve sa vie plutôt qu’elle ne la vit. Un état qui la rend heureuse. Catherine Marnas reprend cette pièce qu’elle avait créée en 2001 avec la même comédienne, Martine Thinières, pour voir quelle place notre monde laisse encore à cette folie douce.
Tous les soirs, Maryse attend le sosie de Jean-Louis Maclaren qui lui faisait des « caresses suggestives », avec l’espoir fou qu’il vienne à nouveau la serrer dans ses bras. Alors, elle parle Maryse, se raconte, imagine, et les mots se bousculent, s’entrechoquent… Sa pensée vive, sans complaisance, dévoile une fantaisie que la solitude met à l’épreuve mais ne parvient pas à abîmer. Ça fait quinze ans qu’elle « vire à droite, à gauche » Maryse, qu’elle dit « ça ira, ça ira » parce que ça va toujours quand on a les mots pour le dire. Serge Valletti a l’oreille pour les mots de la rue, il s’intéresse aux gens simples, aux portraits décalés, non pour les caricaturer et les ridiculiser mais parce que leur langue, leur truculence, leur façon de rêver, de mettre le haut en bas, le nord au sud – et inversement – raconte le monde autrement. Car, comme dit Maryse, « la vie risque de passer et je n’y aurais vu que du feu ».
Avec Martine Thinières
Marys’ à minuit est l’un des trois spectacles de la soirée spéciale organisée autour de textes de Serge Valletti, Valletti Circus, qui comprend également Pour Bobby et A plein gaz, tous deux mis en scène par Alain Timár.