Stanislas Nordey émeut dans la peau de ce fils (Édouard Louis) qui parle de son père, un de ces « invisibles » si peu présents sur nos plateaux de théâtre. Grâce à cette parole rare, la scène se charge d’une puissance et d’une émotion ardentes.
Pour l’auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule, le théâtre, grâce à sa « frontalité et au temps ramassé qu’il implique », est la bonne place pour pratiquer ce qu’il nomme une « littérature de la confrontation ». Après avoir parlé de son enfance, – « celle d’un « queer » né dans un village et destiné à « finir à l’usine » » –, c’est l’histoire de son père qu’il veut raconter. Et, à travers lui, celle de ces gens qu’on appelle « les classes populaires ». Pas étonnant que le metteur en scène Stanislas Nordey, épris de parole théâtrale forte, ait eu le désir de faire entendre ces mots-là. Dans un monologue intime bouleversant de lucidité et d’émotion, il incarne lui-même ce fils qui rend hommage à son père en le racontant, depuis ses premiers souvenirs d’enfance avec lui jusqu’à ce qu’il appelle sa « mort sociale ».
Avec Stanislas Nordey