La pianiste Jeanne Bleuse et le violoniste Julian Boutin proposent une plongée dans la musique viennoise, de Mozart à Schönberg. Capitale d’Empire, cette ville à la croisée des influences culturelles de l’Est et de l’Ouest a façonné la musique classique au fil des siècles.
Ce parcours chronologique débute en 1782 avec la merveilleuse inventivité que Mozart déploie dans les variations sur un thème naïf et populaire, « Ah, vous dirai-je maman », la chanson française qui lui sert de base de travail pour cette œuvre, bijou de classicisme. On entre ensuite de plein pied dans la Vienne romantique avec un arrangement de la Sonate Arpeggione de Schubert (1824). Paganini vient d’Italie, mais sa virtuosité prodigieuse lui assure un succès considérable lors de son passage à Vienne en 1828, où il vole d’ailleurs la vedette à Schubert. Son Caprice n°13 est l’un de ses plus fameux et des plus spectaculaires. L’Adagietto de la Symphonie n°5 de Mahler (1902), rendu célébrissime par le film de Luchino Visconti Mort à Venise, joué ici dans un arrangement d’Alexandre Tharaud pour piano seul, exprime un postromantisme brillant de ses dernières lueurs crépusculaires. Fritz Kreisler et Webern évoquent avec leurs œuvres respectives de 1911, Caprice Viennois pour violon et piano et Quatre pièces pour violon et piano, les deux facettes possibles d’un après : un néoromantisme un soupçon kitch mais séduisant, ou une dislocation du langage musical tonal au profit de l’expressivité pure. « Colombine », extrait du Pierrot lunaire de Schönberg (1912), enfonce le clou dans cette dernière voie, résolument moderniste, et ouvre à l’émergence des langages d’avant-garde du XXème siècle.